Comme
un entre-deux, il s’agit de voir si le renouvellement commence ou se
fait et si le vide peut se construire. 7 photographies grand formats
présentent des gestes statiques, des mouvements inspirés du monde du
travail qui se figent dans le corps d’une danseuse classique. Les codes
visuels de l’entreprise et de la voirie sont réutilisés afin de rendre
visible les acteurs d’un travail souvent dévalorisé. Vu mais pas
forcément regardé. Ces pauses photographiques figent un mouvement dans
le temps et fixe l’imagination du visiteur. La transformation des gestes
se transpose dans une autre dimension comme le sport, la grève ou
autre. La vidéo présente deux protagonistes s’inspirant des gestes et
outils de chantiers mais pelles, pioches et marteau-piqueurs sont
absents à l’image et les corps de ces travailleurs dansants se
chevauchent dans un éclat de couleur. Une présence presque fantomatique
se dégage de ces images et mets en avant le côté éphémère de leur
action. Le bâti disparaît sous leurs machines pour laisser place à un
terrain vague qui sous leurs mains se transforme en habitat. L’intimité
se mêle au travail, le chantier est un instant de pensées en
construction.
David Jouin
Cette série de photographies a été
réalisée dans une ruine industrielle de Quimper. Fixer un mouvement qui
se poursuit dans notre imaginaire, telles sont les intentions de ces
photographies. Une fois de plus, David Jouin invite une personne
extérieure pour se figer devant l’objectif. Il fait appel à une danseuse
classique s’inspirant du monde des travaux publics afin de trouver les
mouvements chorégraphiques qui soient en accord. On peut clairement
observer que cette jeune femme porte un costume qui est en décalage avec
son élégance et sa grâce liées à sa formation de danseuse, mais
également avec ces gestes. Ces photographies paraissent improbables
puisque les outils ont disparu. Aussi, sortis d’un contexte, on peut
envisager que les ouvriers sont eux aussi danseurs et effectuent une
chorégraphie. Le visage masqué est un choix qui révèle l’anonymat des
ouvriers. Peut-on vraiment mettre un visage sur ces hommes qui restent
invisible aux yeux de la majorité de la population ? Mais il faut bien
préciser qu’on ne traite pas de la reconnaissance d’une branche d’un
métier, mais plutôt d’une façon de le détourner et de l’embellir, et
ainsi lui donner une nouvelle visibilité, et tout simplement changer nos
perceptions du quotidien.
Marion Nédellec